L’étude des pollens présents dans les tourbières de Franche-Comté permet de mieux comprendre l’histoire de la forêt depuis la fin de l’ère glaciaire. C’est à ce titre que la Société Forestière de Franche-Comté (SFFC) a invité, à l’issue de sa dernière assemblée générale en mars, Carole Bégeot, spécialiste en palynologie et paléoécologie, maitre de conférences à l’Université Marie et Louis Pasteur et membre du laboratoire Chrono-Environnement.

La conférence qu’elle a donnée s’inscrit dans le cadre du programme de réunions qu’organise le CNPF BFC (Centre national de la propriété forestière) avec l’appui de la Région BFC. Quelque 160 personnes étaient présentes et ont pu échanger sur la crise actuelle dans les forêts, notamment celles du Doubs et du Jura… 

Scolytes de l’épicéa, chalarose du frêne, déficits hydriques, hausse des températures, tempêtes… nos forêts souffrent. Menaces et ravageurs s’accumulent. Le contexte de changement climatique global accélère, cette tendance bien réelle. La situation est donc sérieuse et suscite une inquiétude grandissante parmi les propriétaires forestiers. 

Au regard de la lente évolution de la forêt au cours des derniers 20 000 ans et du rôle de l’homme dans sa transformation rapide depuis le néolithique, Carole Bégeot s’est voulue plutôt rassurante : « Les essences que nous connaissons, aux origines très anciennes, ont déjà connu de très grandes variations climatiques et les possèdent dans leurs gènes ». Ces essences indigènes portent donc probablement dans leurs gènes cette capacité à s’adapter. Les essences non indigènes, en dehors de leur aire de répartition naturelle, sont celles qui souffrent le plus, l’épicéa en plaine en est le meilleur exemple. Selon elle, il demeure « des essences d’avenir telles le chêne, l’orme, le tilleul, le sapin mélangé avec d’autres essences » et il convient d’être prudent avec les essences exotiques.

Reste à savoir si, dans la cadre d’une régénération naturelle ou assistée favorisant l’expression des gènes, ces essences auront la capacité à s’adapter plus rapidement aux changements climatiques ou aux ravageurs. De nouvelles études scientifiques portant sur leur ADN sont en cours pour tirer des tourbières et sédiments cette information du passé !

Photo Frédéric Jimenez - L'Est Républicain

Photo François Janex - CNPF BFC