La surface plantée en peuplier en Bourgogne-Franche-Comté représente avec 12 000 ha, moins de 1 % de la surface forestière régionale mais 10% des sciages et déroulages de la région.

Le peuplier est l’essence qui dispose du plus court cycle de rotation permettant de produire du bois rapidement mobilisable (15 à 20 ans). Il nécessite un sol profond, bien alimenté en eau, riche chimiquement, typique des vallées alluviales. Il convient d'éviter de le planter sur les stations marginales (trop sèches ou trop humides). La réussite d'une plantation dépend donc de la qualité du terrain, mais aussi des cultivars adaptés au terrain et des précautions prises lors de l'installation et des entretiens ultérieurs.

Le bois de peuplier connaît une forte croissance de ses usages, en particulier pour le déroulage dans les secteurs du panneau contreplaqué et des emballages légers.

Peuplier Koster
Peuplier Koster de 10 ans
  • Aujourd’hui, les cultivars utilisés en populiculture ont principalement pour origine trois établissements de recherche publique et deux sociétés privées.

    La recherche publique est assurée : 

    • en France, la recherche publique sur l’amélioration génétique du peuplier est regroupée au sein d’un Groupement d’Intérêt Scientifique dénommé « GIS Peuplier ». Il rassemble les principaux organismes de recherche agricoles et forestiers (INRAe et FCBA).
    • en Italie, par l’institut d’expérimentation pour la populiculture de Casale Monferrato. Créé en 1936, il est l’un des premiers instituts de recherche sur le peuplier. Le I 214 est un des plus anciens hybrides de sa campagne qui a débutée dans les années 1930,
    • en Belgique, par la station de populiculture de Grammont (arrêt de la recherche prochainement).

    Deux sociétés privées proposent également des variétés de peuplier améliorées :

    • la société française 3C2A de Louis Poloni a racheté les sélections hollandaises de l’ex institut de recherches agronomiques de Wageningen au Pays-Bas. Il est l’obtenteur des cultivars euraméricains Koster, Polargo, Albelo et Degrosso. Il sélectionne désormais de nouvelles variétés (Dano, Rona, Garo, Ludo, etc.),
    • le pépiniériste italien Franco Alasia s’est lancé dans la sélection et la création de nouvelles variétés avec par exemple la commercialisation du A4A, AF2 et AF8. 
    Obtenteurs Nouveaux cultivars Autres cultivars
    GIS Peuplier (France) Charcane, Orcane, Galicane (E) Dellinois, Delvignac, Delgas (D)
    Institut de Casale Monferrato (CREA / Italie) Diva, Tucano, Moleto, Aleramo, Moncalvo (E) Soligo, Taro, Brenta, I 214, Triplo (E)
    Institut de Grammont (INBO / Belgique) Vesten, Muur, Oudenberg (E) Beaupré, Boelare (I), Trichobel (T), Bakan, Skado (M)
    3C2A / Louis Poloni (France) Dano, Rona, Garo, Ludo (E) Koster, Polargo, Albelo, Degrosso (E)
    Alasia Franco Vivai (Italie) AF2, AF8 (E) A4A (E)

    E : Hybride Euraméricain (Peuplier deltoïdes / Peuplier noir) - I : Hybride Interaméricain (Peuplier deltoïde / Peuplier Trichocarpa) - D : Peuplier Deltoïde
    T : Peuplier Trichocarpa - M : Hybride Trichocarpa / Maximowiczii

     

    Jeune plant de Peuplier

  • Récemment, de nombreuses variétés de peuplier sont apparues sur le marché. Contrairement aux cultivars traditionnels, elles font l’objet d’une protection commerciale (Certificat d’obtention végétale COV) et sont soumises au paiement d’une redevance.

    La création de variétés de peuplier est assurée par des organismes publics ou privés, français et étrangers. Leur objectif est de proposer des cultivars productifs, bien conformés, avec un bois de qualité et un comportement satisfaisant vis à vis des pathogènes connus. Pour être commercialisé, un cultivar doit être homologué et inscrit dans un registre national des matériels de base des essences forestières. 44 cultivars sont admis en catégorie testée dans le registre national français et environ 230 cultivars de peuplier au total sont admis dans les divers registres nationaux de l’Union Européenne. Toutes ces variétés cultivées sont de fait autorisées à la vente sur l’ensemble du territoire européen. Il faut néanmoins noter qu’une trentaine d’entre elles sont réellement commercialisées en France.

    Les cultivars protégés ne peuvent être commercialisés que par des pépiniéristes disposant d’un contrat de licence. C’est désormais le cas pour l’ensemble des variétés les plus récentes et ce sera la règle pour celles à venir. Par exemple, les trois cultivars de peuplier créés par le GIS (Dellinois, Delvignac et Delgas), sont disponibles à la vente depuis le printemps 2014. Ils bénéficient d’une protection commerciale gérée par le diffuseur qui est ici la société Agri-Obtentions. 

    La création de nouveaux cultivars représente pour les instituts de recherche, un programme coûteux d’une quinzaine d’années, voire plus. En marge de l’inscription au registre national, l’organisme obtenteur d’un cultivar peut ainsi bénéficier d’un certificat permettant de protéger la diffusion de celui-ci. Sa multiplication libre est alors interdite. Elle est soumise à des droits d’obtention conditionnés au paiement d’une redevance. Elle se rajoute au prix du plant facturé par le pépiniériste et sera au final restituée à l’obtenteur. Cette redevance atteint 1 à 1,10 € par plant.

    Les cultivars plus anciens (I 214, I 45-51, Triplo, Blanc du Poitou, Raspalje, ...) restent libres de diffusion.

    Bon à savoir !! 

    Pour le peuplier, les instituts de recherche sélectionnent des clones qui, à ce stade, portent un numéro.
    Les meilleurs sont proposés à la commercialisation et donc à la culture (homologation).
    Ils deviennent alors des cultivars (variétés cultivées).

    Leur numéro d’origine est remplacé par un nom.

  • A partir des cultivars proposés par les différents obtenteurs, le transfert du progrès technique sur le peuplier, aussi appelé développement, est organisé depuis plus de 20 ans par l'Institut pour le Développement Forestier (Service Recherche et Développement du CNPF) au travers du Réseau d'expérimentations Peuplier avec l'ensemble des organismes de développement et de vulgarisation forestiers régionaux (CNPF, Chambre d'Agriculture, CETEF, etc.) en charge de la Forêt Privée. La vulgarisation des résultats du développement se fait ensuite auprès des propriétaires forestiers, des pépiniéristes, des gestionnaires, et de l'administration.

    Un nouveau cultivar de peuplier proposé par la Recherche doit remplir 3 exigences :

    • exigence 1 : le risque sanitaire doit être maitrisé vis-à-vis des rouilles, du puceron lanigère, du marssonina et du chancre bactérien,
    • exigence 2 : le cultivar doit avoir une croissance et une forme conforme à une production rentable de bois d'œuvre future,
    • exigence 3 : il doit être en cours d'homologation ou avec une homologation prévue. Il s'agit en fait de ne s'intéresser qu'aux cultivars pour lesquels une commercialisation future est prévue.

    Le cultivar est alors mis en culture afin de produire des plants pour les expérimentations du Réseau Peuplier au niveau national. 

    En France, la répartition des régions populicoles sur l'ensemble du territoire rend difficile cette évaluation. En effet, les cultivars de peuplier ont une croissance différente selon les conditions pédoclimatiques (sols sableux, argileux, humides, secs... climats Nord, Sud, Est, Ouest).

    Ces variations de croissance nécessitent donc, pour une évaluation fiable de l'intérêt des cultivars pour la populiculture française, de mettre en place de nombreuses expérimentations sur l'ensemble du territoire. Cette multiplication des dispositifs implique des expérimentations simples de taille raisonnable (1 à 2 ha, bloc de 25 arbres sans répétition).

    Au final, pour évaluer correctement un cultivar et surtout pour en assurer une vulgarisation au plus près des propriétaires forestiers, il est nécessaire qu'un cultivar soit présent sur environ 100 dispositifs expérimentaux, soit en moyenne 2 essais par département sur les 50 concernés par la production de peuplier.

  • Les expérimentations sont suivies annuellement par des expérimentateurs régionaux appartenant aux organismes de développement et de vulgarisation forestiers régionaux (CRPF, Chambre d'Agriculture, CETEF, …) en charge de la forêt privée.

    Le fonctionnement en Réseau multi-organismes permet une harmonisation des essais (protocole commun), une logistique commune pour la fourniture des plants expérimentaux, mais aussi l'utilisation d'une base de données nationale, commune (ILEX). Cette base de données permet la mise en commun des données mesurées et facilite ainsi l'obtention de résultats locaux, mais aussi nationaux. Ces résultats sont accessibles à l'ensemble des expérimentateurs.

    Le suivi en croissance annuel de nombreux essais et la mise en commun des données mesurées dans une seule base de données permet l'évaluation des cultivars au travers de modèles de croissance en fonction des conditions de sol/climat (station), de la zone géographique, et de l'intensification des entretiens du sol.

    A partir de ces modèles de croissance, mais aussi de nombreuses informations obtenues directement sur les expérimentations (comportement, forme, conditions d'élagage et de taille de formation, sensibilités aux risques sanitaires et climatiques, facteurs limitants), des fiches techniques par cultivars sont réalisées à destination des producteurs. Ces fiches sont consultables sur le site internet du Conseil National du Peuplier (CNP).

  • Les résultats de ces expérimentations sont régulièrement utilisés dans un cadre réglementaire en apportant des informations techniques pour l'élaboration, par le Ministère de l'Agriculture, de la liste régionalisée des cultivars de peuplier éligibles aux aides de l'Etat.

    Les essais ont d'ailleurs fournis des grumes de nombreux cultivars obtenus dans des conditions bien identifiées, pour les différentes études qualités du bois qui ont lieu en France dernièrement.

  • La répartition des dispositifs du Réseau Peuplier sur l'ensemble du territoire national rend possible une vulgarisation de proximité (réunions sur le terrain) au plus près des propriétaires, des pépiniéristes et des techniciens dans les différents secteurs populicoles. L'avantage est de pouvoir alors montrer les performances des différents cultivars dans les conditions pédoclimatiques locales. Ces réunions de vulgarisation sur le terrain sont l'occasion d'échanges, mais aussi de transmettre des plaquettes techniques sur le peuplier.

     

    Journée d'information sur le thème du Peuplier (Sens-Sur-Seille - 71)

     

  • Le CNPF BFC a installé de nouveaux populetum en 2021 et 2022 afin de tester l’adaptation et la croissance des futurs cultivars, notamment leur résistance au changement climatique. A ce jour, tous ces dispositifs sont encore trop récents pour tirer des conclusions sur ces nouveaux cultivars (1 ou 2 années de végétation). 

    MARANDEUIL (2021) MARANDEUIL (2021) CHARREY (2012)

    2021
    MARANDEUIL (21)

    Comparaison de croissance de 15 cultivars dont 7 nouveaux euraméricains italiens Alasia + 6 nouveaux  euraméricains français 3C2A + Témoins Polargo et I 214. Plan du dispositif

    2021
    ST CHRISTOPHE EN BRESSE (71)

    Comparaison de croissance de 12 cultivars dont 5 nouveaux  euraméricains italiens Casale Monferrato + 6 nouveaux euraméricains français 3C2A + Témoin Diva. Plan du dispositif

    2022
    BESSEY LES CITEAUX (21)

    Comparaison de croissance de 13 cultivars dont 6 nouveaux euraméricains italiens Alasia + 3 nouveaux euraméricains français GIS Peuplier + 3 nouveaux euraméricains italiens Casale Monferrato + Témoin I 214. Plan du dispositif

    2022
    CHEVIGNY (39)

    18 cultivars dont 6 nouveaux euraméricains italiens Alasia + 3 nouveaux euraméricains français GIS Peuplier + 5 nouveaux euraméricains italiens Casale Monferrato + Témoins Koster, Vesten, Tucano et I 214. Plan du dispositif

    2022
    FLAGEY LES AUXONNE (21)

    4 cultivars dont 2 nouveaux baumiers belges INBO + Témoins Fritzi Pauley et Trichobel. Plan du dispositif